Le titre de l’exposition du Lëtzebuerg City Museum Collectionner, une sacrée mission… !, renvoie à la conservation des objets (il en compte quelques 22 000 dont 800 seulement sont visibles en permanence). Le sous-titre Comment les objets arrivent au musée, à l’exemple du patrimoine religieux, est une phrase entière qui évoque Raymond Waringo, collectionneur d’images pieuses domestiques, à l’origine d’une grande partie de la présente exposition. On y voit aussi des objets de culte flamboyants, sortis à l’occasion de processions dans les rues, comme à l’Octave. C’était avant que le Concile de Vatican II, en 1963, ne tire un trait sur cet aspect jugé trop ostentatoire de l’Église. Dans les réserves des équipes les répertorient, les entretiennent et les réparent, les classifient avec les conservateurs, qui pourront ensuite les exposer comme ici. Le musée a aussi hérité de chandeliers et de candélabres, de vitraux de l’Église Saint-Michel. Néo-gothiques ou reprenant les formes du baroque flamboyante, rajoutés au 19e siècle. Ils sont néanmoins en matériaux pauvres : étain, laiton, voire aluminium moulé.
Les textes qui accompagnent chaque salle expliquent l’usage ou le rite et montrent les interventions de restauration et de conservation, puisque c’est le sujet de l’exposition. Mais c’est avec un œil tout personnel que l’on peut aussi déambuler le long des rangements et étagères qui évoquent les réserves et se pencher sur l’imagerie kitsch de la Sainte-Famille, soigneusement étiquetée, veillant sur la maisonnée ou l’ange gardien ramenant au foyer, sous ses grandes ailes, les enfants égarés. L’imprimerie a permis la diffusion à grande échelle de ces images traditionnellement accrochées dans une chambre ou une Stuff, comme les photos de premiers communiants. Ces traditions catholiques populaires ont imprégné longtemps les maisons luxembourgeoises.
Des peintures sur verre naïves, toucheront les amateurs d’art populaire, comme aussi les planches imprimées coloriées proches des images d’Épinal. Notre-Dame de Luxembourg, Consolatrice des Affligés est montrée ici dans de belles éditions de Desclée De Brouwer et de la Fabrique d’images de Gangel à Metz. Une étonnante image mi-brodée, mi-sculptée et relevée de véritables fleurs d’edelweiss, d’un Christ Sauveur, contraste avec deux peintures léguées par Raymond Waringo d’un moine à l’expression rieuse et satisfaite, pour ne pas dire paillarde. Mais qui est ce peintre qui signe Steinmetz ? Aucune précision n’est apportée. Si la recherche historique n’est pas le thème de l’exposition, ce manquement est néanmoins général, comme pour ce chromo inspiré de la Vierge à l’Enfant du peintre Raphaël, ce que, à force d’en voir des copies, on peut avoir oublié.
On passera sur la statuaire, ainsi qu’un chemin de croix, également hérité de Saint-Michel, dont l’intérêt réside effectivement plus dans le soin apporté à la restauration que le regard extatique ou doloriste des saintes et des saints. Splendide est par contre le travail des baldaquins de procession, brodés au fil d’or et d’argent sur fond rouge. Les détails de l’agneau mystique et du pélican nourricier dénotent une connaissance religieuse et une dextérité dont on ne saura – encore une fois – rien de plus. On a donc imaginé des couventines penchées sur ce patient ouvrage de dévotion. Sur des bannières d’associations, le terme exact est gonfalon apprend-t-on pour le coup, une tradition héritée des corporations du moyen âge, l’image au centre, entourée de petites roses en soie brodées avec soin, est dirait-on imprimée sur du carton huilé pour résister aux intempéries du mois de Marie, le joli mois de mai. Enfin, c’était sous le climat de la fin du 19e et du début du vingtième siècle…