Binge Watching

Éloignez vous

d'Lëtzebuerger Land vom 07.01.2022

Le couple Netflix / Harlan Coben continue de faire des petits. Après Safe (2018), et, en 2020, The Stranger, The Woods et The Innocent, c’est au tour du thriller publié en 2012 Stay close (Ne t’éloigne pas en version française) d’être adaptée en série pour la plateforme. On n’est d’ailleurs pas au bout de nos peines, puisque le célèbre auteur américain a signé en 2018 un contrat de cinq ans avec Netflix pour que quatorze de ses trente romans soient portés à l’écran en films ou en séries. Les fans de l’auteur y trouveront ce qu’ils y cherchent : des caractères qui portent de lourds secrets, une enquête avec de multiples impasses et rebondissements et des cliffhangers haletants.

Stay Close se focalise sur quatre personnages qui dissimulent chacun des pans de leur passé à leurs proches. Megan (Cush Jumbo), mère de trois enfants ; Ray (Richard Armitage), photographe documentaire autrefois prometteur ; Broome (James Nesbitt), capitaine de police incapable de laisser derrière lui une affaire non résolue de disparition et Lorraine (Sarah Parish), une vieille amie de Megan. Et, comme c’est Harlan Coben, le passé les rattrape et revient les hanter : on n’a pas besoin d’attendre plus de dix minutes pour apprendre que Megan cache un gros secret : elle s’appelait Cassie était blonde et strip-teaseuse. Jusqu’à ce qu’un de ses clients, Stewart Green, dangereusement obsédé par la danseuse exotique, meurt mystérieusement. Le détective Broome et sa partenaire, un ancien couple, enquête sur une série d’affaires de disparition d’hommes, dont celle de Green.

Là dessus se greffe une série de sous-intrigues, toutes emberlificotées avec des personnages plus ou moins complexes : Harry, un associé louche et toxicomane de Megan, et peut-être son conseiller juridique ; Kayleigh, l’aînée des enfants de Megan, dont la curiosité la met inévitablement en danger ; Del Flynn, un père déterminé à retrouver son fils disparu pendant qu’il s’occupe de sa femme hospitalisée dans le coma ; deux chasseurs de primes aux méthodes sadiques (qui s’appellent Barbie et Ken, on aura tout vu !) ou encore Goldberg, un flic de haut rang à qui Broome et Cartwright doivent rendre des comptes. Des intrigues secondaires inutilement alambiquées et entrelacées, amenées par des flashbacks, des MacGuffins et des ficelles assez grosses n’apportent finalement pas beaucoup à la narration et au suspense.

La partition de Stay close est soigneusement balisée… Un peu trop. À chaque épisode son suspect finalement disculpé et le « dernier » rebondissement de sera pas vraiment le dernier. On retiendra les commentaires critiques sur la diffamation des travailleurs du sexe ou la violence sexiste contre les femmes et les jeunes filles. Mais la série est bourrée de clichés, y compris dans les dialogues avec des phrases du style « Pas de réduction pour les flics » que grogne le videur d’une boîte de strip-tease avec une mine renfrognée. On passera sur le manque de plausibilité de l’histoire, avec le travail ridiculement mauvais de la police, et avec l’impression que Megan a pris une nouvelle identité en déménageant... à une demi-heure de route. C’est vraiment dommage parce qu’il y a quelques grands noms qui y jouent et maîtrisent parfaitement leur partition. Cela explique sans doute qu’on se laisse prendre au jeu et que l’épisode suivant s’enclenche avant qu’on ait réfléchi à dire stop. Un plaisir coupable.

France Clarinval
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