Ticker du 1 mars 2024

d'Lëtzebuerger Land du 01.03.2024

Wednesday

Ce mercredi matin à Bruxelles, le Luxembourg a fini par s’abstenir lors de la consultation sur la directive sur le devoir de vigilance, rejoignant la majorité de pays bloqueurs, menée par l’Allemagne (ou plutôt le FDP). Dans les faits, cette abstention équivalait à un « non ». En amont, le Premier ministre, Luc Frieden (CSV), avait soigneusement évité de se positionner. D’un côté, il disait ne pas vouloir faire d’obstruction. De l’autre, il expliquait encore espérer des améliorations. Et de citer « le surcharge administrative » ainsi que « les très nombreuses insécurités juridiques ». Mais la grande hantise du Grand-Duché était qu’une partie des holdings ne tombent dans le scope de la directive. « Eng Dispositioun, déi besonnesch fir Lëtzebuerg eng ganz Rei Froen opwerft », selon Luc Frieden. Le vote de mercredi l’a rappelé : On ne badine pas avec les sociétés boîtes-aux-lettres et les centaines de millions d’euros qu’elles rapportent au budget d’État. Ce mercredi après-midi, Luc Frieden a assuré à la Chambre ne pas avoir formellement voté contre la directive, une argumentation décrite par le Wort comme « procédurière ». « Mir sti fir de Respekt vun de Mënscherechter, ouni mee », a asséné le ministre CEO qui s’est déplacé lui-même, pour parler au nom de ses ministres de l’Économie, des Affaires étrangères, de la Justice et des Finances. « L’idée que le Luxembourg bloque est fausse ! », s’est-il défendu, rappelant qu’« uniquement une minorité » d’États se seraient prononcés pour le texte présenté par la présidence belge. La Chambre a finalement voté à la quasi-unanimité (sauf ADR) une motion appelant à légiférer au niveau national si le projet européen capotait. Devant le Parlement, l’Initiative pour un devoir de vigilance avait monté un piquet (photo : sb). La Süddeutsche Zeitung a commenté l’échec du projet de directive : « Die Macht von Wirtschaftslobbyisten war größer als Vernunft und Selbstvertrauen ». On ignore le pouvoir qu’exerce l’ancien président de la Chambre de commerce, Luc Frieden, sur l’actuel Premier ministre du gouvernement, Luc Frieden. bt

En attendant la compétitivité

La firme d’audit PwC a annoncé le line-up de la prochaine Journée de l’Économie, qu’elle organise le 26 mars prochain avec le ministère du boulevard Royal. Se profile le retour de Lionel Fontagné. L’économiste français, professeur à la Sorbonne et consultant à la Banque de France, avait été sollicité par Jeannot Krecké voilà vingt ans pour rédiger un rapport sur la compétitivité du Grand-Duché (Une Paille dans l’acier), parallèlement à la création d’un Observatoire thématique au Forum Royal, sous la direction de Serge Allegrezza. Depuis lors, la compétitivité des entreprises (concomitamment à la productivité) a tendanciellement reculé, regrette le patronat. Serge Allegrezza, directeur du Statec, et François Mousel, managing partner de PwC, rappellent ainsi Lionel Fontagné pour remettre le sujet au goût du jour : « Luxembourg’s competitiveness: are we still in the race ? Seizing the opportunities of global change ». Depuis 2007, les ministres de l’Économie impriment leur marque sur ces journées organisées à la Chambre de commerce. Lors des deux dernières éditions, les guest speakers (Adam Tooze puis François Heisbourg) ont envisagé l’économie luxembourgeoise dans un contexte de tensions géopolitiques, une dynamique intellectualisante signée Franz Fayot (LSAP). Sous Lex Delles (DP), on colle davantage aux préoccupations du patronat : Comment (re)gagne-t-on de l’argent après deux années d’inflation et de hausse des coûts salariaux ? pso

Pierre Sorlut, Bernard Thomas
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